Quarante cinq minutes ! Qu’il joue du violon à une heure de pointe dans le hall d’une station de métro de Washington. Il recueille dans son chapeau 32 dollars dont 20 dollars laissés par l’unique personne l’ayant reconnu. Les autres –plus d’un millier de personne passent à cette heure là– n’ont visiblement pas vu et écouté ce musicien de rue qui n’était autre que Joshua Bell l’un des plus célèbres violonistes au monde. Il venait de jouer sur un Stradivarius célèbre de 1713 acheté quelques années auparavant 3 millions et demi de dollars. La veille, il s’était produit à guichets fermés au théâtre de Boston.
Cette scène authentique, le 12 janvier 2007, était orchestrée par The Washington Post dans le cadre d’une expérience de psychologie comportementale sur la perception, les goûts, les priorités. La conclusion du journaliste conduisant l’expérience fut de se demander comment « sommes-nous capables, dans un environnement ordinaire, dans un contexte inattendu, de percevoir la beauté, de nous arrêter pour l’apprécier, de reconnaitre le talent ? »
Il m’arrive très souvent de m’imaginer au cœur de ce hall. Je n’aurai pas reconnu, moi non plus, ce violoniste pourtant incontournable. Seule sa virtuosité musicale m’aurait peut-être interpelé. Alors je me dis que si dans ma vie un peu trop trépidante, je n’ai pas le temps de stopper cinq minutes pour écouter l’un des meilleurs musiciens du monde, jouant pour moi, gratuitement les partitions les plus renommées sur un violon si précieux… à côté de combien d’autres choses magnifiques vais-je passer ?
Photo : Norvège © Samuel Blanc
Rien d’étonnant! Mais hélas…et sans faire de la psychologie comportementale , nous passons devant combien d’occasions de nous émerveiller, d’apprécier (donner du prix), de se poser, même dans le quotidien
Que ce soit un musicien célèbre ou un célèbre inconnu, quand ils jouent dans la rue ou dans les halls de gare je ne manque jamais de m’arrêter mais je n’aurai sûrement pas reconnu ce violoniste ;