Demain, la Terre présente son pôle Nord au soleil qui monte au plus haut dans le ciel de notre hémisphère. Dans le même mouvement incliné, elle cache son pôle Sud au soleil, au plus bas à l’horizon, pour faire place à la nuit polaire. C’est l’été chez nous et je suis de plus en plus fasciné par notre planète. Par sa fidélité. Alors que l’on prétend-la vue un peu courte ! – qu’il n’y aurait plus de saison… Par son universalité. À rayonner pour nous sa lumière, sans distinction de frontières, de races, de cultures, de nations. Aussi, je voudrais lui dire merci ! Surtout qu’elle garde ce privilège de ne jamais confier aux hommes la gestion du jour et de la nuit, de la pluie et du soleil, du froid et du chaud, des saisons, des étoiles… Qu’elle n’hésite pas à nous rappeler – dussions-nous le payer un peu cher !- que nous ne sommes pas les maîtres des jours, pas plus que dépositaires du moindre droit de vie ou de mort. Qu’elle nous pardonne nos attitudes irrévérencieuses : un homme en souffrance, un animal maltraité, une fleur arrachée… et nous la mettons à mal, sciant la branche sur laquelle elle consent encore que nous soyons assis. Qu’elle nous pardonne nos projets inconsidérés : comme si quelqu’un, fut-il Dieu lui-même, nous aurait missionné pour la mettre à nos pieds, au lieu de la protéger… Qu’elle nous pardonne aussi cette déviance insupportable qui nous autoriserait à tuer nos semblables au nom d’une religion. Un brin candide, peut-être, mais c’est l’été ! La Terre présente au soleil son pôle Nord, pour éclairer nos vies, faire pousser nos semences, et embaumer nos âmes.

Photo : aurore australe et nuit polaire, Antarctique © Samuel Blanc