Avec le soleil et la chaleur relayant élégamment la pluie, la végétation explose. De partout, ça pousse, ça bourgeonne, ça chante. On ne fait pas mieux pour une invitation à « s’asseoir et regarder l’herbe pousser ». Je reconnais, en lieu et en temps, cultiver cette chance.
Pourtant, impossible d’échapper -sitôt ouverts les réseaux d’informations- au lot lancinant de drames humains, à la surenchère des invectives et des anathèmes, à la mise en avant de mécontentements tous azimuts. Loin de moi oser -en deux minutes chrono- faire la leçon à qui que ce soit, et encore moins me prétendre qualifié pour émettre un avis avisé. Pourtant !
Sommes-nous certains d’entendre ceux qui n’ont même plus la force et les moyens d’appeler à l’aide ? Celles et ceux qui n’ont plus rien, se battant en silence pour survivre dans ce pays de richesses ? Celles et ceux qui sont cloués par l’absence, la maladie, la solitude, les regards suspicieux ? Ces enfants ballotés par l’enfer que partagent leurs parents ? Ces gens en perte de repères ? Et la liste est aussi longue que difficile à solutionner.
Pourtant !
Chanceux que nous sommes d’être aimés, d’avoir des amis ! De s’être construit le luxe, tout en sobriété, d’organiser son temps, et de profiter de la nature ! D’avoir à portée de mains, ce bonheur de pouvoir « s’asseoir et regarder l’herbe pousser »…
Au moment où la nature explose de couleurs, le tumulte grisâtre ambiant me pèse, dont je me demande parfois s’il est légitime, ou du moins par trop injurieux à l’encontre des plus mal lotis. Et de me répéter en boucle que « même la pensée d’une fourmi peut toucher le ciel »…
Photo : carotte de l’ile Campbell en Nouvelle-Zélande © Samuel Blanc
Oui le « tumulte ambiant » est une insulte à tous les « sans voix » qui auraient toutes les bonnes raisons de (se) manifester… Mais on ne les entendra pas; ils n’attendent plus rien, comme habitués à l’indifférence. Et si tout commençait par un regard! » Assieds-toi et regarde »…le printemps qui peut revivre sur leurs visages.