Je suis resté scotché ! De scotch… à entendre ici au sens du ruban adhésif transparent, et non pas du whiskey écossais, plus épais ! Dussé-je le préciser à nos auditeurs au nom de la morale déontologique en vigueur sur RCF Isère. Scotché, oui, devant les jeux paralympiques, tard dans la nuit ! Avec cette impression feutrée qu’il faisait simultanément un peu nuit sur ma vie de valide, et pleine lumière là-bas à Rio sur le handicap… Je peux être sceptique, et souvent à bon droit, devant les Jeux Olympiques : poudre aux yeux pour oublier les problèmes ou mise en image malvenue de régimes peu recommandables, pour les uns ; exacerbation de la performance écrasant le plus faible ou gaspillage dans l’injuste répartition des richesses, pour les autres…Nonobstant, et grâce aux caméras du service public largement déployées pour ces jeux paralympiques, j’en ai pris plein les yeux et pour mon grade ! Que de handicaps me suis-je infligés à moi-même -prétendu valide- en me contentant de ma petite vie réglée, de mes convictions inamovibles, de mes efforts contenus, de mon horizon bouché assuré tous risques ! Ce billet est un merci ! À vous, accidentés de la vie qui subissez encore les regards condescendants ou fuyants. Vous faites face –sans caméras, podiums ni médailles- à des défis incroyables et leur lot quotidien : fauteuil, logement, ascenseur, véhicule, assistance… en plus du notre, entre : démarches, emploi, santé, voisins, enfants, avenir… Respect ! Qu’elle est grande cette leçon de vie que j’ai prise, scotché, en pleine figure ! Qu’il est grand mon handicap d’être valide sans en remercier le ciel !

Photo : phoque de Weddell, Antarctique © Samuel Blanc