Le billettiste fait partie de ces gens qui doivent avec parfois rien, se risquer à dire quelque chose. Et ça, j’aime ! … Avec beaucoup d’admiration pour ces artistes habiles de leurs mains qui sont capables avec rien -une casserole rouillée, une roue voilée de bicyclette, une boite aux lettres disloquée – de redonner une âme aux objets livrés à notre gaspillage.
Ils donnent envie ! ces petits ateliers de recyclage où l’on tente de retaper une vieille bicyclette, un sèche-cheveux, un aspirateur pour leur éviter la fin de vie vicieuse qu’on leur a parfois sciemment programmée. Le plaisir d’avoir au moins essayé est à la mesure du pied de nez de David au Goliath du consommer-bêtement.
J’ai appris récemment avec un bonheur jouissif qu’un petit génie de l’informatique avait trouvé le moyen de rendre inactive la petite puce qui bloque l’encre d’une cartouche d’imprimante bien connue afin de vous obliger à aller la changer, alors qu’elle n’est même pas vide !
De la même façon, je vibre de voir le petit Poucet amateur du coin renverser la grosse équipe sportive professionnelle dopée à coup de millions.
Qu’ils sont superbes ces petits riens qui deviendront grands de n’avoir pas été grand-chose ! Dès lors que notre regard les prend en compte, c’est du bonheur de les voir grandir ! Servez moi un petit rien pour commencer la journée et je vous en ferai une grande, dira le magicien.
 » Un rien, ce n’est pas rien puisqu’on peut encore le soustraire », disait Raymond Devos, maître-jongleur de mots. Et de démontrer « que rien moins rien, étant égal à moins que rien, on peut en déduire que rien est déjà quelque chose ! « 
Et si mon billet ne vous dit rien, ça pourrait me faire quelque chose…

Photo : iceberg tabulaire en mer de Ross, Antarctique © Samuel Blanc