► Extraits de l’un des courriers de ses petits enfants à leur grand-père en maison de retraite.
Cher papy,
Je te revois dans la cour de la maison vizilloise. Tu travaillais encore, tu faisais des gestes qu’enfant je ne comprenais pas mais qui semblaient si sérieux, si importants. Je vous revois avec mamy dans les souvenirs colorés de l’enfance. J’apprenais les mois de l’année dans l’ordre. Octobre et novembre étant les plus difficiles. Décembre, le plus simple à retenir grâce à la joie qu’il procure de se retrouver en famille, parfois sous la neige.
Aujourd’hui, tu atteins un âge qui rend fier jusqu’à tes arrières-petits enfants. S’ils regrettent de ne pas avoir connu ou se souvenir de mamy, en ce qui me concerne son souvenir est toujours important au fond de moi. Parfois, je suis triste de ne pas pouvoir venir te voir plus souvent…
Aujourd’hui je t’écris. Nous sommes le 9 octobre : c’est l’été indien. L’été ! La seule saison qui conjugue le verbe être. (J’ai été !). Une saison du passé : c’est l’été !
Il dure, il fait chaud (ces jours-ci) et pourtant les feuilles des arbres jaunissent et l’idée ne vient à personne de vouloir remettre les feuilles sur les arbres lorsqu’elles tombent ! C’est pourquoi, le temps qui passe à travers nous, que nous subissons parfois est tellement précieux qu’il faut profiter de chaque moment. Même si ceux-ci semblent être longs où tu es, ils permettent toutefois de voyager par la pensée.
Voyager à travers les souvenirs et le temps, mais aussi à travers l’espace. C’est pourquoi, bien que je sois loin de toi, j’aime à me dire qu’à chaque fois que je pense à toi, tu penses à moi et réciproquement.
Cher papy, je t’embrasse fort. Je pense à toi.
Mis en image par Pierre Blanc avec l’autorisation de son auteur.
Photo : phare de Stabben en Norvège © Samuel Blanc
Billet très touchant et qui rappelle des souvenirs d’enfance quand on savait encore écrire à l’encre violette à nos grands-parents ; merci Pierre et très jolie photo de Samuel.