A la queue

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A la queue

Les portes de la préfecture ouvrent dans une demi-heure et c’est déjà la queue. Il faudra être bien placé pour aller quérir le bon ticket d’attente. Un employé du service des parcs et jardins slalome avec une planche à roulettes chargée de deux belles plantes vertes qu’il installe dans le hall d’entrée. A mon regard intéressé, il confirme : « Il y a bien une patience et une misère ! » Et de rajouter, malicieux : « ces sont les deux seules plantes qui poussent ici !». J’éclate de rire. Mais la file reste de marbre. Eh bien oui ! Une queue d’attente, ça attend, ça ne rigole pas ! D’ailleurs si t’as envie de rigoler, tu n’as plus qu’à aller à la queue. Une queue d’attente ça donne à l’impatient sa légitimité, au râleur sa raison de resquiller, et au guichetier celle d’exister. Une queue bien ordonnée commence par ceux qui sont en tête, et elle ne supporte aucun dérapage, qui serait plutôt la caractéristique d’un tête-à-queue. La différence entre l’homo-sapiens et l’homo-patiens se vérifie dans une file d’attente ! Mon bon monsieur ! La patience, ça énerve… L’homme capable est un homme pressé… il prend ses concurrents de vitesse… il ne perd pas une minute… il ne se laisse pas marcher sur les pieds ! … On appelle le numéro 0038 au guichet A 023 porte Sud ! C’est moi ! J’étais dans la lune ! Tout juste le temps d’atterrir face au guichetier, impatient, et surpris que je perde le temps… de lui dire bonjour ! C’est finalement une belle plante : la patience !

Photo : manchots Adélie, Antarctique © Samuel Blanc

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