Avec la mer du Nord

1
Avec la mer du Nord

Il y a quelques trente neuf ans déjà, un 9 octobre, un poète nous quittait et cette voix :

« Avec la mer du Nord pour dernier terrain vague
Et des vagues de dunes pour arrêter les vagues
Et de vagues rochers que les marées dépassent
Et qui ont à jamais le cœur à marée basse
Avec infiniment de brumes à venir
Avec le vent de l’est écoutez-le tenir
Le plat pays qui est le mien… »

Tout le monde bien sûr, même les plus jeunes d’entre nous auront reconnu Jacques Brel. Il évoque là son pays et les gens du Nord. J’ai souvent pensé, savourant cette chanson, que Brel n’aimait pas forcément la mer ! Il nous la présente ici comme limitant le paysage avec la brume et des vagues de dunes… Pourtant, une force est là qui donne à ce plat pays qui borde la mer du Nord une envie de survivre. Cela ne l’a pas empêché de choisir de venir en 1975 vivre ses dernières années en pleine mer, sous le vent des îles Marquises… Là où Gauguin était venu bien avant lui, en quête de vie intérieure personnelle. L’ont-ils trouvée : lui le peintre, lui le chanteur ? Je m’accorde ce billet comme un modeste hommage aux poètes, aux jongleurs des mots, aux peintres, aux musiciens, aux artistes qui nous accompagnent dans un monde quelque peu difficile et compliqué ! La puissance des mélodies, des couleurs, des mots, des silences, des paysages fait du bien, me rappelant que tout n’est pas réglé par le techniquement rentable, le minimum marchandable, le scientifiquement démontré, ou le légalement défini… « Avec le vent de l’est écoutez-le tenir : Le plat pays qui est le mien… »

Photo : fulmar boréal aux îles Kouriles, Russie © Samuel Blanc

  1. Merci Pierre pour ce beau plaidoyer sur Jacques Brel qui a bercé mon adolescence ; on aperçoit quelquefois sa compagne Maddly sur Uzès où elle vit dans une maison qu’ils avaient choisie ensemble.

Poster un commentaire