L’Air

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L’Air

Je me suis permis d’emprunter à Jean d’Ormesson dans son « Guide des égarés » paru en 2016, cet extrait sur l’air :
«… L’air est un des avatars les plus subtils de la matière. Tellement subtil qu’il semble se complaire dans une espèce de modestie proche de l’absence. Nous ne le voyons pas. Sauf quand il se lève en tempête sur les injonctions d’un romantisme en transes et de Chateaubriand.
Nous ne l’entendons pas. Nous ne pouvons pas le toucher. On dirait qu’il n’existe pas. Mais nous le respirons. Pour une raison ou pour une autre, habitude, hasard, nécessité mystérieuse ou volonté venue d’en haut, obligation nous est faite de l’inhaler sans cesse avant de l’exhaler.
Le plus clair – ou le plus obscur – de notre temps, nous le passons à inspirer de l’air et à l’expirer. Nous pouvons vivre – plus ou moins bien – sans livres, sans rêves, sans idées, sans amour. Nous ne pouvons pas nous passer de l’air que nous respirons et que nous ne voyons pas. Il n’y a pas de vie sans air. Lorsque notre fin arrive, nous rendons le dernier soupir et nous expirons à jamais.
Plus que le cheval, le chien, le chat, plus que l’être que nous aimons, l’air est notre compagnon le plus fidèle. Il nous colle au corps. Il ne nous quitte jamais.
Il n’est pas impossible de faire le vide. Alors tout disparaît – et l’air comme tout le reste. Et quand l’air se retire, la vie se retire aussi. Dans le vide, il y a encore de l’espace, mais il n’y a plus de vie. Nul ne peut vivre dans le vide. Des liens étroits se sont tissés depuis longtemps entre l’air et la vie… »

Photo :  Bonjour !   © Samuel Blanc

  1. Pierre merci pour cette vérité venant de cet homme qui avait une vision pertinente de la vie.

    J’ai traversé accidentellement sa propriété en Corse dans le désert des Agriates avec vu sur le golfe de St Florent où une dame nous a invité à rentrer dans son château pour nous offrir un verre d’eau gazeuse….la surprise quand on a appris que nous étions chez Jean d’Ormesson .

    Il a dit « Pour moi, la Corse est la plus belle de toutes les îles. Ici, je me sens comme ce personnage continental un peu ridicule de la BD de Pétillon qui passe son temps à dire « J’aime la Corse ». Mais j’aime la Corse, j’aime cette terre merveilleusement protégée par ses habitants, cette atmosphère de tragicomédie, à la fois distante et ironique qui s’en dégage. »

    « J’ai extrêmement peu de talents, je ne sais ni chanter, ni danser, ni jouer d’un instrument de musique. Vous constaterez que pour la modestie, je ne crains personne. »

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