On a beau être une grande, lorsqu’on se trimballe son sac et son couchage sur le dos, il est humiliant de se faire rappeler qu’on a seulement quatre ans ! Son frère, qui en a le double, se targue de marcher deux fois plus vite et porter un sac à dos deux fois plus lourd que celui de sa sœur.
Mais que ne ferait-on pas pour aller dormir à la belle sous les étoiles !
Le crépuscule du soir nous apporte les premières lueurs de la nuit tandis que l’allumeur de réverbères opère, le maladroit, dans la ville à nos pieds.
Allongés dans l’herbe, nous voilà tous les trois en train de pointer les étoiles au fur et à mesure qu’elles apparaissent. Et même de les compter, ce qui est facile… au moins au tout début. Juliette, au maximum de ses possibilités en calcul, en a dénombré six. Elle veut surtout savoir qui les allume, les étoiles : le grand-père pour éviter de dire une bêtise, choisit l’esquive ce qui n’est pas très glorieux. Robin, le grand frère en est à cinquante. Débordé, il propose de diviser le ciel en deux : « Juliette, toi tu comptes de ton côté, et moi à droite… La droite ? C’est de côté ». Papou, comme d’ab… prendra l’addition.
Dis papou ! Pour éclairer les étoiles, il faut qu’il fasse sombre ici ? Ou est-ce l’inverse ? … L’papou est dépassé, surtout qu’il s’endort vite le nez dans les étoiles, et cette nuit il en a un de chaque côté qui lui donne la main… en s’éteignant à leur tour.
Les sangliers qui sont des animaux bien élevés, grommelleront doucement… On ne réveille pas des étoiles qui brillent. Y en a même qui ronflent.

Photo : aurore boréale en Antarctique © Samuel Blanc