Bienheureux les fêlés

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Bienheureux les fêlés

« Heureux soient les fêlés, car ils laisseront passer la lumière ». Cette phrase attribuée à Michel Audiard, méritait bien un détour…
Mais alors que j’aiguisais ma plume, un conte chinois me revint en mémoire : « … Une vieille dame transporte, suspendus au bout d’une perche appuyée derrière son cou, deux grands pots : l’un des deux est fêlé et ne rapporte à la maison que la moitié de sa réserve puisée au ruisseau. L’autre pot est parfait, qui ramène le plein à chaque voyage. Pendant de longs mois, la vieille dame ne rapporte chez elle qu’un pot et demi d’eau. Le pot intact est fier de remplir sa mission, tandis que le pot fêlé a honte de ses imperfections : il se sent triste de faire le travail à moitié. Déprimé par ses échecs, il s’adresse un jour à la dame près du ruisseau : « j’ai honte de moi-même, la fêlure laisse l’eau s’échapper tout le long du chemin, sur mon côté, lors du retour vers la maison ». La dame sourit : As-tu remarqué qu’il y a des fleurs sur ton côté du chemin, et qu’il n’y en a pas de l’autre côté ? J’ai toujours su à propos de ta fêlure ; j’ai donc semé des graines de fleurs de ton côté du chemin et chaque jour, lors du retour à la maison, tu les arrosais. Grâce à toi, et ta fêlure, de superbes fleurs ont enchanté mon cœur… » Je sens que la journée s’annonce bonne ! Fêlée, peut-être, mais qui laissera passer la lumière…

Photo : mer austral, îles Falkland © Samuel Blanc

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