Madame, en ce moment, c’est votre fête. D’ailleurs ils viennent de partout à Paris. Et le jour où l’on fête les Florence, je ne manquerai pas de vous la souhaiter, car, dit-on, les Florence ont le don d’attirer aisément les faveurs de ceux qui les entourent grâce à leur tendre générosité et leur charme raffiné et naturel. Merci, Madame la Planète.
Chaque année, Madame, à la même époque je fais ma lettre au Père Noël. J’y crois, moi, au père Noël. Il m’a toujours apporté les cadeaux que j’avais commandés : enfin presque ! Pas le train électrique, mais mon premier vélo, rouge avec une sonnette sur le guidon. Avec lui, vous m’avez apporté des parents aimants qui nous ont supporté mes cinq sœurs et moi ; comme, à notre tour, nos enfants, nos petits enfants et peut-être bientôt nos arrières-petits enfants, et beaucoup d’amis.
Ce n’est pas tout rose chez vous, Madame la planète, aujourd’hui. Mais suis-je nul ? Vous êtes la mieux placée pour le savoir. Et que je te dérègle le climat, et que je t’adopte des modèles agricoles irrespectueux de l’environnement et des droits des paysans. Et que je te délivre le permis de polluer comme permis d’affamer. Et que je t’instaure un climat d’injustice que subissent les plus vulnérables qui ont le moins contribué au changement climatique… Bref, nous sommes  un peu nuls ! Madame.
Si vous rencontrez le père Noël -je sais que vous êtes en bons termes !- dites-lui que j’aimerai bien, comme cadeau, vous rendre heureuse.
Dites lui qu’on commence à s’attacher autant à la planète que nous allons laisser à nos enfants, qu’aux enfants qu’on va vous laisser, Madame la planète. Bonnes fêtes.

Photo : Bernaches nonnettes © Samuel Blanc