Un regard pétillant au sourire plein de bonté qui requiert et retient l’attention. Beaucoup de gens ont lu et écouté avec plaisir -notamment à la radio- ses réflexions sans concession mais résolument optimismes sur l’écologie et l’éducation. Son accent rocailleux à la chaleur communicative de l’Agenais amateur de rugby, s’est éteint ce dimanche.
Michel Serres fait partie de ces penseurs rarement ennuyeux dans ses propos qui vont nous manquer. Auteur de quelques 80 ouvrages, il est présenté comme « un voyageur infatigable de la pensée ». Ses voyages en Atlantique et Méditerranée comme ancien officier de marine ont certainement forgé sa volonté de s’affranchir des frontières entre les disciplines universitaires pour préférer les relier entre elles : aux murs d’enceinte, il préfère les ponts…
Historien des sciences, membre de l’Académie Française, il est resté très éclectique et souvent visionnaire. Beaucoup d’enseignants, de coachs, d’éducateurs, de parents, pourront s’appuyer sur sa pensée ouverte et ses conseils en éducation. Il n’est qu’à remarquer son appétence pour la jeunesse et son ouverture sur les nouvelles technologies. Même ouverture dans ses propos pour l’avenir du monde et celui de la planète.
Je suis toujours impressionné par les penseurs, les chercheurs, les scientifiques souvent de haut niveau, lorsqu’ils sont capables d’expliquer des choses compliquées avec des mots simples sans brader leur savoir, sans satisfaire à la pensée unique ou celle du moment, et avec le souci de ne jamais faire la leçon à tout le monde.
D’ailleurs, je retiendrai, comme beaucoup aujourd’hui, sa dernière intervention sur une radio nationale dimanche dernier. Il avouait au micro tout faire pour ne pas paraître « donneur de leçon » et d’ajouter cette phrase, telle un message : « s’il y a une voie pour le signal moral, c’est le rire »…  Merci Michel Serres.

Photo : cormoran des Iles Auckland en Nouvelle-Zélande © Samuel Blanc