Me voilà riche, -c’est donc bien un rêve !-, et je débarque au hasard à Panama, alias capitale du Panama.
Dans la vieille ville classée au patrimoine mondial de l’Unesco, je rentre dans une boutique à chapeaux. Mon choix se porte sur un panama, blanc, confectionné en palmier (le carlodivuca palmata) qui comme son nom ne l’indique pas vient en fait de l’Equateur. Le vendeur m’offre un cigare, cubain lui, et me plante devant un grand miroir. Il a raison : je ressemble à Humphrey Bogart…
Flairant l’odeur du balboa -dollar américain- il me fait l’article pour ce modèle très en vogue actuellement dans son arrière boutique : le panama offshore.  Et de m’expliquer qu’offshore signifiant « prendre le large » ce Panama me conviendra parfaitement sur mon yacht, grâce à son look très étudié et un port de tête donnant peu de prise aux vents et aux contrôles fiscaux…
…Le téléphone sonne. Je me réveille en sursaut. Fini le rêve !  Jules, au bout du fil, ce qui n’a rien à voir avec le bout du rouleau chez lui, m’annonce que c’est sa fête, ce qui est exact en ce 12 avril ! Il vient de faire l’objet d’un redressement fiscal pour un petit don manuel de moins de quatre chiffres, pourtant honnêtement déclaré du vivant de son vieil oncle, mais qui aurait dû – n’ayant pas atteint ses dix ans d’âge au moment du décès- être repris dans la succession…
Mais dites-moi ? Un paradis fiscal, ça ne rend pas les riches individus ou les délinquants plus riches, mais ça rend surtout les autres plus pauvres.
J’en ai mangé mon panama ! Facile à digérer : il est cousu de palmier blanc.

Photo : Ara rouge, Panama © Samuel Blanc