Quatre-vingt-dix-sept

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Quatre-vingt-dix-sept

Demain, et bien sûr au lendemain de la St Valentin, Albert fête ses quatre-vingt-dix-sept ans… Il se lève tôt. Il a un bras dans le plâtre après une mauvaise chute juste à Noël. Il ne pourra passer son costume des grands jours : il part en maison de retraite. Il a tenu le coup longtemps tout seul dans sa maison après le départ de Denise il y a six ans, déjà. Soixante sept ans dans leur maison, toujours ouverte. Il vient de décider qu’il ne pouvait plus rester seul chez lui. On vient le chercher : sa chambre aux Écrins est prête. Jean-Marc l’infirmier, Perrine la pharmacienne, lui souhaitent la bienvenue, l’emmènent dans l’ascenseur, lui donnant une description détaillée de ses appartements : premier étage, la couleur des murs, des rideaux, la vue sur la Romanche au loin…
« Je trouve cette chambre parfaite. J’y serai à l’aise. Merci ! »
« Mais Monsieur ! Vous n’avez encore rien vu ! Attendez que nous arrivions à votre chambre. » Tempéra l’infirmier…
Et mon père de répondre : « Cela n’a rien à voir. Le bonheur est quelque chose que l’on décide à l’avance. Le fait que ma chambre me plaise ou non, n’a aucun rapport avec la couleur des murs, des draps ou des rideaux. C’est moi qui décide si ce nouvel espace me plait ou non. Et je veux qu’il me plaise… ».
Le voilà dans sa chambre, un peu comme dans sa vie. Pas facile d’être heureux au milieu des tracas ! Et cette arrivée en est un… Mais le meilleur moyen d’être heureux, est bien de décider de l’être. Chambre 11, côté fenêtre.

Photo : marmotte des Alpes, Queyras © Samuel Blanc

  1. Belle sagesse…! « Vous pouvez être ce que vous voulez être », tel est le titre d’un livre de Paul ARDEN. « Savoir où on veut aller, qui on veut devenir, c’est le meilleur atout ». Et tout ça pour son bonheur. Pas évident!

  2. Bonjour l’ami
    Si cette histoire est vraiment vraie, vraiment celle de ton papa, alors nous lui souhaitons une belle retraite. Sa grande sagesse l’aidera, quelle chance dans un temps de la vie où tout ne va pas facilement bien. Cf. chute.
    Je profite de ce petit coucou pour te livrer une réflexion – une sorte de slogan – entendu dans une instance très vivante du MRJC. :
    Dépêchons-nous de ralentir
    Je suis sûr que tu vas en faire ton miel
    Va bien, sans précipitation excessive !
    Pierre et Mireille

  3. Les Ecrins, la Romanche (elle qui, d’ailleurs, prend sa source dans les Ecrins !), le Bonheur : des mots de sa vie, de nos vies, qui l’accompagneront toujours, ici ou ailleurs.
    Merci pour ce beau texte !
    Et, surtout, bel anniversaire Papy !

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