Ruminer

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Ruminer

Sur les pentes du Grand-Serre, face au Taillefer en Oisans, j’ai gardé les vaches du grand-père. Plus exactement : les vaches m’ont gardé là durant mon enfance. Je suis assis, un brin d’herbe entre les dents, tout près de l’une d’elles en train de ruminer : un vrai bonheur ! à quelques centimètres, à la limite de ses renvois gastriques. S’allonger dans l’herbe à ses côtés, amouraché de ses grands yeux, et bercé par le balancer subtil droite-gauche ruminatoire. Être gratifié d’un tirage de langue surligné d’un clin d’œil complice… Bref un instant de pure félicité ! Et qui peut durer, car elle a tout son temps la vache qui ruminera entre 9 et 12 heures par jour. C’est beau une vache, -il y a longtemps que je n’en mange plus- mais une vache qui rumine c’est savoureux ! Je peux vous dire que lorsqu’une vache rumine, elle panse. Sachant que le verbe penser peut aussi s’écrire avec un a… Les vachers et les soignants ne me démentiront pas. Quand une vache et un homme ruminent : un monde les sépare… Un homme qui rumine, pense mal : puisqu’il n’en n’a pas (de panse) ! Ses pensées de rumination ne sont pas digestives et assoupissantes, mais envahissantes comme le dit le psychiatre Christophe André : « …ruminer, c’est se focaliser, de manière répétée, circulaire, stérile, sur les causes, les significations et les conséquences de nos problèmes, de notre situation, de notre état. Quand on rumine, on croit réfléchir, mais on ne fait que s’embourber et s’abîmer. La rumination amplifie nos problèmes et nos souffrances, réduit notre espace mental disponible pour tout le reste de notre vie notamment pour les bonnes choses et les instants heureux ». Ah la vache !

Aquarelle de Julie Villard.

  1. C’est tellement vrai ! J’ai donc imprimé la citation que tu as faite, et l’ai affiché en face de mon nez au bureau…
    C’est parti pour une désintoxication de la rumination, qui n’apporte vraiment rien de positif dans la vie !
    Merci pour tous tes billets.

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