Pour m’être fait traité de Va-nu-pieds -et trouvant l’expression, ma foi, assez belle- je m’aperçois qu’elle nous vient d’une révolte en 1639. Louis XIII décide d’un nouvel impôt dans le Cotentin -la gabelle- et voilà qu’un certain Jean Quetil, général des insurgés, prend le nom de Jean Va-nu-pieds à la tête de sa bande de gueux, coquins, vagabonds et autres miséreux… Ma grand-mère -qui n’avait rien d’une va-nu-pieds- nous recommandait, enfants, d’aller nu-pieds dans l’herbe et la rosée. Elle nous disait que c’était bon pour la santé et la circulation. Il suffit d’ailleurs de lire quelques communications de plus en plus nombreuses sur le sujet, pour s’en convaincre. Des tests de kinésiologie, de réflexologie plantaire, nous révèlent en effet qu’une personne présentant un déséquilibre énergétique organique quelconque s’équilibre immédiatement dès qu’elle se tient debout, pieds nus, sur la terre naturelle. On a montré qu’un courant électrique, aussi faible soit-il, circule alors entre les jambes et remet en phase les énergies du corps en terme de médecine chinoise, lui rendant ses capacités d’auto guérison… Et que dire de ces paysans du tiers monde, souvent miséreux, marchant la plupart du temps nu-pieds. Ils ne connaissent que rarement les rhumatismes, varices, affections cardio-vasculaires et même cancers. Pourtant ils mangent très gras, souvent carné, et fument généralement beaucoup ! Je n’ai ni autorité ni prétention à jouer ici au thérapeute ; mais on ne m’enlèvera pas cette sensation d’ancrage profond à la terre en ma mémoire d’homme nomade, ce bonheur instantané à marcher pieds nus dans l’herbe fraiche sous la rosée du matin, sur le sable fin au massage tonifiant, voire même dans la neige, ou l’eau glacée d’un torrent. Espèce de Va-nu-pieds ! Un vrai compliment ! Plus je « va-nu-pieds » et plus je « va-bien » !

Photo : iceberg, Antarctique © Samuel Blanc