A l’école, on a fait un dessin pour la fête des Mères. Moi, j’ai dessiné un bateau. Le mien, il est grand, il va loin et il emmène tout le monde. J’ai même dessiné les vagues de la mer. Je les avais coloriées en rouge, mais la maitresse m’a dit de les faire en bleu. Parait que quand il y a du rouge sur la mer, ce n’est pas bon signe ! Alors, j’ai mis du bleu sur le rouge. Je crois que tu vas aimer. Puis la maitresse nous a fait écouter une belle chanson. Le Monsieur, il avait une voix triste, il chantait : « on allait au bord de la mer avec mon père, mon frère, ma mère ! … On regardait les bateaux…* » (Michel Jonasz : Les vacances au bord de la mer)
Je n’ai pas appris ma poésie, de peur de te promettre d’être sage ! Car tu t’ennuierais, si j’étais parfait !  J’ai préféré la chanson du Monsieur qui allait au bord de la mer… regarder les bateaux.
J’ai un copain dans ma classe qui n’a plus sa maman. Il ne voulait pas faire son dessin et mettre des couleurs encore moins. La maitresse nous a expliqué que nos mamans, eh bien, on les voit toujours quand on va au bord de la mer…
Elle a dit que lorsque le bateau disparait à l’horizon, il y a toujours quelqu’un, de l’autre côté de l’océan, qui le voit apparaitre peu à peu en plein lumière.
Alors si un jour tu t’en vas, maman, emporte bien mon bateau !
Et moi, j’irai au bord de la mer….

Photo : otarie à fourrure antarctique en Géorgie du Sud © Samuel Blanc