Des mots

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Des mots

Je viens d’avoir comme une appréhension devant ma feuille blanche. La peur soudaine, non pas de manquer de mots –trois cents suffisent au billettiste !-, mais au contraire la crainte d’en avoir trop au risque de les mal orchestrer.

Si j’en crois l’auteur d’une publication qui ne mâche pas ses mots, il est possible que je sois en passe de faire une crise de logophobie. Non pas celle associée à la peur de prendre la parole, mais plutôt la logophobie qui consiste à avoir peur des mots eux-mêmes. Qu’ils soient parlés, lus ou écrits, les mots peuvent être phobogènes et donc, au bas mot-, source de phobie.
Les mots, c’est comme la voix, ça se chauffe. Certains, même, les passent au micro-onde-hertzienne de la radio…

J’aime les mots bien pesés et par conséquent légers. Les mots qui vont heureusement me manquer pour laisser place au silence. Le mot juste qui sonne bien, prêt à mettre en musique. Le bon mot qui se fait toujours joli. Le joli mot venu pour de bon. Le mot pour rire, à condition d’être policé. Le mot lissé, dont la police est d’en rire. Le mot qu’il faut, dont on ne sait pas où l’on est allé le chercher. Le mot qui me vient…sur le bout de la langue.

Dieu me préserve des mots creux ! Des mots déplacés, toujours pires que les mots mal placés. Et pardessus tout du mot de trop, du mot qui tue, flèche que l’on ne rattrape jamais…

Dans un de ses refrains, Renaud chante : « … par la magie d’un stylo…ils font vivre les mots, emmènent mon esprit vers le haut… »

Photo : stariques pygmées en mer d’Okhotsk, Russie © Samuel Blanc

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