Lilou

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Lilou

Vous permettrez, Mademoiselle, que je vous appelle Lilou !, comme le font vos collègues de travail. Je vous laisse ce petit mot sur ma table de chevet car je quitte l’hôpital aujourd’hui et non pas demain comme prévu : on doit avoir besoin de mon lit pour une urgence. Je rentre donc chez moi sans avoir pu vous dire au revoir.

Je veux vous remercier. Et vous demander de résister en gardant votre poste. Je sais que vous en avez ras-le-bol ! Je vous ai entendu depuis le couloir lorsque vous consoliez une copine au bout du rouleau en sa fin de garde. Le métier de soignante que vous aviez choisi pour sa grandeur, vous pèse terriblement. Ce ne sont pas les patients qui vous agacent le plus, même s’il y en a qu’il faut se farcir ! Mon voisin de chambre en était le bel exemple : jamais content, toujours pressé, aussi exigeant que les impôts qu’il paye, ou ne paye pas…
J’ai compris pendant ces huit jours, combien l’hôpital lui-même vous désespère. Depuis qu’on y traite les patients comme des clients et le chiffre d’affaire comme référence d’entreprise, vous ne vous y retrouvez plus. C’est vrai que le temps d’un sourire, d’une parole, d’une main sur le front fatigué ça ne rapporte pas grand-chose à l’établissement. Il faut des Actes… Heureusement les contacts humains ne sont pas encore des Actes ! Et pour cause ! Ils sont de fait gratuits.

On ne vous entendait pas beaucoup. Vous étiez la seule qui entrait dans la chambre en frappant à la porte, le sourire et mon prénom aux lèvres. Et je ne vous ai jamais entendu remplacer mon nom par le numéro de mon lit.

Je quitte l’hôpital où vous m’avez si bien soigné. Ne démissionnez pas ! Soignez-le à son tour, il en a tant besoin.

(texte inspiré par Daniel, amis et auditeur assidu, qui m’avait adressé un texte à sa sortie de l’hôpital)

Direction le  Svalbard pour ce dernier billet. Le prochain à la rentrée fin août. Bon été !
Photo : vestige historique au Spitzberg © Samuel Blanc

  1. Je crois qu’en fait il y a beaucoup de « Lilou »dans les hôpitaux. Bravo à elles pour leur travail souvent dévoué, la gestion de la pression, la bienveillance malgré les tensions…Un beau métier! Courage!
    Bonnes vacances

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