J’ai comme le pressentiment depuis le départ, que le soleil derrière mon dos, est en train de s’allier avec les nuages pour me jouer un petit tour de cache-cache. Juste ce qu’il faut d’incertitude météo pour instiller dans le rythme de mon pas la grande question du marcheur : « continuer ou rebrousser chemin ? ». Sur proposition conjointe de mes jambes et de mon sac à dos, qui ne se quittent plus : je continue.
Coup de vent, ciel en colère, premières gouttes ! Une vieille ruine trois étoiles arrive à point nommé m’offrant le gîte, histoire de laisser passer l’orage au sens propre qui permet de comprendre au figuré. Pour le couvert, ce sera casse-croûte anticipé. Bientôt humide et froid comme mon repas, je pense à certains qui, au boulot en bas dans la vallée, donneraient cher pour mon resto-croûte panoramique.
Les éléments -comme on dit bizarrement- se déchainent. Mais la vieille bâtisse en a vu d’autres. Trombe d’eau sur la tôle, gouttières jouant avec mes nerfs jusque dans mon thermo de café…
J’en oublierai qu’il est temps de prendre la descente pour anticiper l’arrivée de la nuit. Je croise un groupe de mouflons, familiers des lieux : ils me semblent en quête d’un gîte, qu’à défaut du couvert, je leur cède volontiers.
Les éléments -encore eux !- se chargent rapidement de me rappeler qu’entre humide et trempé, la différence n’est pas si grande, mais suffisante pour se mettre à danser sous la pluie !
Ils m’envoient comme un éclair, cette citation ensoleillée de Sénèque le philosophe : « La vie ce n’est pas d’attendre que les orages passent, c’est d’apprendre comment danser sous la pluie. »
Photo : Parc National de Banff, Rocheuses canadiennes © Samuel Blanc
Merci pour ce très joli billet et la très belle photo de Samuel ; ça donne envie de partir.
Randonner sous la pluie qui nous rattrape…On s’est tous fait avoir!
Mais c’est vrai qu’il y en a qui dansent sous la pluie, c’est tellement précieux pour eux.