Depuis mon balcon

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Depuis mon balcon

Je suis à mon balcon. Privilégié -je vous le concède- ce balcon Sud de La Chartreuse ! À l’heure de la criée, sous les fenêtres, s’avance un lanceur d’alerte. J’apprends plus tard qu’il s’appelle Benoît Coppée, célèbre romancier et scénariste belge, par ailleurs ancien infirmier… Au moment où le soleil se lève pour nous sur le massif de Belledonne, je vous adresse son texte, et moi un petit coucou amical… Pierre.

…« J’entends qu’on réfléchit à donner cours pendant les vacances de Pâques, qu’on réfléchit à donner cours pendant le mois de juillet. J’entends que « toutes les options seront étudiées ». J’ai l’impression de rêver. J’ai le sentiment qu’on n’a pas encore compris. J’ai le sentiment que le message que nous envoie le COVID-19 n’est pas suffisamment clair… L’Humanité est à bout de souffle, à bout de performance, à bout de défi, à bout de rendement. Elle a le dos en bouillie. Elle doit se reposer. Elle doit s’arrêter. Elle doit regarder pousser des salades, butiner des abeilles et filer la truite dans les rivières. Elle doit retourner des potagers. Elle doit soigner des vergers. Elle doit planter des graines et des arbres. Elle doit construire des feux de camp autour desquels raconter des contes, des histoires, des légendes, les épaules enveloppées d’une couverture chaude. Elle doit marcher à pas de papas et de mamans sur des petits chemins de campagne, de village, de montagne. Elle doit prendre par la main. Elle doit expliquer les étoiles. Elle doit montrer les fleurs, le sable et le vent. Elle doit serrer dans ses bras les anciens qui auront survécu. Elle doit retrouver ses racines, ses rites, ses rituels, ses pays, ses poètes. Qu’on laisse les enfants et les élèves en paix. Ils ont l’âme fragile. L’Humanité aura besoin d’un temps de résilience. Les anciens devront prendre dans leurs bras. Pour rassurer. Pour aimer. Pour contenir. Nous sommes partis pour des mois, des années. Lorsque l’Humain a balancé une bombe sur Hiroshima, il a pris conscience de sa capacité de réduire la planète à un sac de farine. Il a fait marche arrière, l’Humain. Aujourd’hui, c’est pareil. On doit comprendre cela : notre Humanité est à bout de souffle. On doit faire marche arrière. J’entends qu’on réfléchit à donner cours pendant les vacances. J’ai l’impression de rêver. »

Photo : vue depuis un des balcons du Geirangerfjord en Norvège © Samuel Blanc

  1. Salut Pierre toujours un plaisir de voir ton nom apparaître sur ma messagerie .
    Oui il a raison Benoit .
    En ce moment tout le monde prend sa plume et en met une couche mais beaucoup d’opportunistes comme Coline Serreau qui donne même des leçons aux fortunés alors qu’elle oublie qu’ elle même est riche et n’a jamais fait quoi que ce soit pour la France profonde ,elle veut tout révolutionner avec un texte ,sans connaitre le monde des travailleurs.
    « le monde de la France profonde. »
    En attendant de nous voir prenez soin de vous

  2. Merci Pierre pour ce texte magnifique et pour cette superbe photo qui nous sort un peu de notre confinement.
    Puissions-nous fêter de belles retrouvailles avec beaucoup de fraternité et un peu plus d’humilité et de bon sens.
    Certes confinée dans mon petit appartement vizillois mais avec vue grandiose sur la montagne de Chamrousse, les collines et les bois environnants, installée confortablement avec tout qui va bien et sans crainte de perte de travail ou de salaire puisque retraitée, pouvant mettre mon nez dehors de temps en temps. Mes pensées vont vers tous les malheureux des camps de réfugiés, les victimes de la guerre et ceux qui n’ont pas de petit appartement avec vue….
    Prenons soin de nous tous.

  3. Quel bonheur de se retrouver le temps de ce magnifique texte de Benoît, et comme il a raison, laissons souffler cette pauvre humanité qui n’en peut plus de cette pression machiavélique.
    Je survis dans mon confinement provençal, la nature est belle et le silence propice à se redécouvrir.
    Merci de te retrouver, à bientôt encore.
    Prends soin de toi et de ta famille. Amitiés.

  4. Un bon coup de respiration…oui il nous faut souffler! D’autant que la situation n’est pas stabilisée. On nous gave d’hypothèses, de théories, de courbes, de chiffres, de polémiques, etc….Toujours cette course à l’information qui nous prend en otage alors que le confinement est douloureux pour beaucoup, avec des peurs et angoisses, des privations, l’isolement, etc…Oui on voit bien que l’homme a besoin de retrouver son humanité.
    Merci et portez vous bien.

  5. Merci Pierre pour nous avoir fait partager ce joli texte, que je lis et relis.
    L’humanité fait une pause, elle en a le droit et veut nous rappeler ainsi à la sagesse, aurons nous compris le message??

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