La bonne focale

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La bonne focale

Regards brisés, là-haut au flanc de la montagne de Haute Provence et empathie sincère pour les familles des 150 victimes. Images et commentaires en boucle des jours durant ; aucun rappel pour les 70 personnes décédées chaque  jour sur les routes des 28 pays de l’Union Européenne : un Airbus qui s’y écraserait tous les deux jours… Pas de Une pour les 14000 enfants mourant de faim chaque jour. Quant aux 148 victimes de l’attentat récent à l’université au Kenya : silence radio les premiers jours… Et la liste n’en finit pas : les larmes non plus.
Puis, la honte devant les mises en scène de décapitations barbares qui nous feraient oublier celles perpétrées hors caméra dans l’indifférence. Dressons-nous face à cette ignominie. Sans oublier que la décapitation a été pratiquée longtemps chez nous. Nous avons passé à la guillotine des gens, certes, jugés coupables ou présumés tels, mais aussi victimes de jugements sommaires. Bien sûr !  Ceci n’excuse pas cela…
On va me dire que je mélange tout dans cette avalanche de crasses que l’homme, depuis les origines, inflige à la planète et à ses semblables. Peut-être ! Mais, refusant de rester tête sous l’aile en se faisant une raison… nous sommes en droit de demander à ceux qui relatent l’info d’élargir un peu la focale : cela ferait beaucoup de bien à la liberté d’informer, et au devoir de compassion lui-même.
Refusant de céder à la barbarie, à l’empathie toute provisoire, il nous revient de montrer nos capacités à construire la riposte à l’innommable, à mobiliser les cœurs en partageant les larmes, à tisser des liens pour choyer la terre qui nous engendre, à ressusciter la vie qui nous est à nouveau donnée…
Puissions-nous disposer de la bonne focale !

Aquarelle : Sieste ! © Julie Villard

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