Le crocodile

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Le crocodile

J’ignore la raison qui me fait avoir peur des crocodiles. D’autant que les crocodiles, je ne les fréquente pas beaucoup. On me dira qu’on a peur de ce qu’on ne connait pas. Et là je suis d’accord. C’est un peu comme pour les reptiles (dont les crocodiles), les insectes, les arachnides… Je connais des proches, atteints d’arachnophobie, qui à la seule vue d’une araignée sont saisis d’une peur irraisonnée souvent violente et impossible à maitriser. Notre mode de vie de plus en plus aseptisé, éloigné de la nature, hors sol en quelque sorte, y serait-il pour quelque chose ? Ce que je reprocherai personnellement au crocodile, ce n’est pas de pouvoir rester 45 minutes sous l’eau immobile à guetter sa proie, de vivre 100 ans, d’avoir les deux yeux idéalement placés au dessus du niveau de l’eau, ou des poumons qui, à la demande, se déplacent le long de son corps en fonction de sa position dans l’eau, non, ce que je reproche au crocodile, c’est son nom ! J’ai toujours une sensation bizarre qui me fait me retourner lorsque je prononce ce mot de quatre syllabes phonétiquement bien balancées entre elles. Le loup, et sa syllabe unique, me fait moins peur que le crocodile et pourtant je n’ai jamais vu non plus un loup en vrai, sauf dans les zoos bien sûr… Ces lieux miséreux où, à part les grillages et la souffrance animale, rien n’est vrai. Et comme un fait exprès, au moment de sortir de ma baignoire, j’entends à la radio, le proverbe du jour : « N’insulte pas un crocodile lorsque tes pieds sont encore dans l’eau »… Autant vous dire que je suis sorti vite. Et tout mouillé !

Photo : caïman à lunettes, Brésil © Samuel Blanc

  1. Ce mot scandé, il faut le dire, s’accorde bien avec une pensée sous jacente qui nous assaille lorsque nous le rencontrons : « Ce crocodile va me croquer », les syllabes sont hachées… fascinantes… mais cohérentes

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