Méditerranée

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Méditerranée

La mer a encore tué…
Lorsque j’ai entendu, hier, cette journaliste télé titrer ainsi son journal, j’ai eu un haut le cœur. Et par ricochet, besoin d’écrire ce billet difficile, en pleine actualité dramatique.
Non, Madame ! Pas plus que la montagne n’a tué, hier, trois alpinistes, la mer Méditerranée n’a pas tué non plus !
Ces embarcations d’hommes femmes et enfants envoyés à une mort certaine par des trafiquants du désespoir humain : on a déjà été capables de ça, dans notre histoire de l’humanité.
J’ai, comme tout le monde, un sentiment d’impuissance, de honte et de colère.
Impuissance de n’avoir pas de solution à proposer. Honte de laisser mon voisin, l’Italie, se débrouiller avec un problème qui ne serait pas le mien.
Colère contre une Europe de Ponce-Pilate aux abonnés absents, plus occupés à nous dicter une avalanche de normes inconsistantes qu’à prendre enfin ce problème géopolitique à bras le corps.
Oui, ce qui se passe en Afrique me concerne et ce n’est pas en feignant d’ignorer où se trouve la Méditerranée sinon pour y partir en vacances, que l’on va s’en sortir.
Quelle politique avons-nous conduite ou soutenue sur ce continent africain ces trente dernières années pour provoquer aujourd’hui une situation de véritable génocide ?
Ne me dites pas que, capables d’aller piller les richesses là-bas, nous ne serions pas capables aujourd’hui de prendre l’engagement de lui rendre la monnaie en l’aidant vite à se relever ? Nous en avons les moyens, aussi simples que d’aller sur Mars !
Non ! Madame la journaliste ! La mer n’a tué personne. J’eus préféré que vous intituliez, hier, votre journal : « non-assistance à migrants en danger », ou encore « crime contre l’humanité en Méditerranée ».

Photo : sterne arctique, voyageuse au long cours. © Samuel Blanc

  1. Oui ! Tout à fait en accord avec ton billet. Mais les rues sont vides. Pas de pancartes « Nous sommes tous des immigrés assassinés »…

  2. oui. Indigné, je le suis. Impuissant aussi .Merci pour ce billet de prise de position. Face à ces drames quotidiens allons nous encore longtemps rester passifs ? Mais par quel bout faut-il prendre le problème ? Notre responsabilité collective est, certes, en cause mais comment faire?
    La politique de l’autruche nous arrange bien…

  3. Merci, Pierre, pour ce billet, juste et sobre.
    Y a plus qu’à… comme suggèrent les commentaires précédents. Mais quoi ? Et qui ?
    Amitié

  4. Il n’y a pas de « y’a qu’a « … Le responsable de ces drames est connu depuis longtemps. Le Fric, la Finance, la soif de profits qu’elles que soient les conséquences. Des millions de personnes luttent dans tous les pays du monde au sein d’associations, de groupes politiques, d’ONG… Des résultats
    sont obtenus ici ou là… bien insuffisants. L’adversaire est puissant, détient tous les pouvoirs est parfaitement cynique, et ne recule devant rien pour conserver sa puissance. Mais des organisations de luttes existent qui ont besoin de plus de monde.

  5. Le billet est fort, les commentaires aussi.
    Ce drame s’amplifie, preuve d’impuissance. Mais n’est-ce pas le défaut de crédibilité de tous ces portes-paroles officiels, de discours bienséants, hypocrites, etc..? On se contente d’occuper le terrain par les discours. N’est-ce pas aussi la preuve d’une jungle réglementaire absurde (notion d’eaux territoriales, frontières maritimes, responsabilité nationale, européenne, internationale, règles de l’ONU, capacité des ONG…)? Cela doit bien arranger les uns et les autres pour se renvoyer le « qui fait quoi ». On voit le résultat!!!

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