Lorsque j’ai entendu la lettre de la planète mardi dernier à l’antenne, je me suis dit qu’il nous fallait partir en famille nous promener dans les bois « pendant que le loup n’y est pas ». Jamais nous n’avons vu autant d’animaux en si peu de temps et d’aussi près. Le confinement nous aurait-il appris à poser notre regard ? Les animaux en ont-ils profité pour se réapproprier un peu d’espace et de tranquillité ? Même notre petit dernier, d’habitude rechignant, nous demandait le silence pour progresser à « l’indienne », sur la pointe des pieds.
Soudain, à quelques mètres, une belle couleuvre en travers du chemin. Même pas peur ! Ni elle, ni nous. Nous nous sommes dévisagés un instant, tranquilles. Notre grande -du haut de ses envies d’être un jour vétérinaire- s’est empressée de nous exhorter à ne plus avoir peur des serpents, des araignées, des amphibiens, des guêpes, des chauve-souris…Ces animaux mal aimés, très beaux, et tellement indispensables.
Moi ! ça m’a fait du bien de retrouver la famille et la nature. Deux mois aux urgences à l’hôpital m’ont lessivée, la peur surtout. Les applaudissements de 20h, appréciés. Tardifs pourtant. Énonçant nos manques de moyens, n’étions-nous pas lamentablement ignorés sur les pavés quelques mois auparavant ? Grâce à notre travail en équipe, et bizarrement à notre inventivité à trouver des solutions là où tout semblait impossible, nous avons peu à peu ensemble conjuré la peur et peut-être même le virus. Comme lui, elle est contagieuse, elle paralyse, elle confine les regards. Alors, promis à ma fille : je me ferai vacciner, mais contre la peur, pour ne plus sursauter devant une araignée !
Au fait. Notre seconde, plutôt littéraire, veut faire astronaute. Même pas peur, la gamine ! Et son père, matheux, qui ne dit rien !
Peut-être mardi prochain ?

Photo : loup gris en Colombie-Britannique © Samuel Blanc