Dans la famille « même pas peur », je suis le père. Pointé pour n’avoir rien dit, la semaine dernière, quand notre seconde fille a annoncé qu’elle voulait devenir astronaute.
Pour reprendre la main -avec les circonvolutions d’usage- j’ai souligné l’urgence de la reprise économique, du retour à la compétitivité industrielle, de la sauvegarde des emplois. Les petits oiseaux, la couche d’ozone, la biodiversité, c’est beau et même essentiel, mais…l’écologie risque de devoir, hélas, patienter encore un peu…
Je terminais ma phrase sur la pointe des pieds, lorsque je me suis fait « ramasser » par l’aînée, vous savez celle qui veut devenir vétérinaire. Et de m’expliquer que :… ce virus ne vient pas de nulle part, et que… les virus, les bactéries depuis la nuit des temps participent au développement de la vie, et que…la nature porte en elle les meilleures défenses immunitaires…et que…les arbres et les animaux ont des choses à nous dire…et que…
J’ai exprimé le vœu que cette secousse pandémique, source de peurs, continue surtout à nous ouvrir les yeux. Pourquoi produire tant de richesses en épuisant celles de la planète si c’est pour qu’on y meure de faim plus que jamais ? Pourquoi ne pas intégrer la solidarité dont nous sommes capables, dans le calcul de notre P.I.B. « Produit Intérieur de Bonheur » ?
Et voilà notre seconde, future conquérante de l’espace, déposant sa tarte aux pommes sauvée du four, annoncer qu’elle vient de proposer un coup de main chaque semaine au Secours Populaire. L’idée que quelqu’un puisse souffrir de la faim, juste à côté de chez nous, lui est insupportable.
Nous en étions au dessert. Ma femme est rentrée de son service. Un peu moins confiné dans mes idées brassées par un grand courant d’air, je lui confiais que nos enfants avaient bien grandi.

À mardi prochain…

Photo : iceberg au Groenland © Agnès Brenière