Titine à Davos

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Titine à Davos

Davos : fin janvier 2016. Exit le forum économique mondial.
« 62 individus possèdent à eux seuls autant de richesses que 50% des habitants de la planète. Et 1% de la population mondiale possède davantage que les 99 restants. » Rideau !
Davos : fin avril 1968. En rideau également, notre Renault Dauphine -Titine pour les intimes- faute de carburant et de pinot noir des Grisons, fait sa crise d’acidose lactique. Nous venons de gravir à skis plus à l’ouest deux quatre mille helvètes l’Alphubel et le Rimphischhorn. Fumante, sonnante et trébuchante comme la reprise économique FMI-nimisée ici chaque année : faut dire qu’elle consomme un litre au cent à la descente, et dix litres au cent… mètres en dénivelé.
En exerçant, comme les secouristes, une légère traction –elle qui est tout en propulsion- nous la soulevons à quatre pour la reposer sur cale, sous les yeux ébahis des pensionnaires de l’hôtel alertés par la fumée, le bruit, et nos mines pas tibulaires mais presque, selon la métanalyse de Coluche  Ricardo, notre guide italien, rédige un billet sur le pare-brise : « véhicolo en panne, andiamo au Jakobshorn (uno piccolo 2600 m), ritorno dans due jours… »
A notre retour, post-it sur le pare-brise : un touriste allemand nous l’achète très cher et en marks. En 68, le mark était fort sonnant et eût pu nous rendre trébuchants ! Vaccinés contre la mondialisation -mais pas contre la grippe-, nous refusons la loi du marché qui nous aurait rendus encore plus pauvres. En signe de gratitude, Titine actionne son unique balai d’essuie-glace. Ne lui parlez plus de Davos…

Photo : iceberg en Arctique © Samuel Blanc

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